Glass House : Un « treehouse » moderniste photographié par Nelson Kon

Lina Bo Bardi est une architecte italienne ayant immigrée au Brésil après ses études. Étant une femme dans une période majoritairement dictée par le patriarcat et l’exploit masculin dans toutes réalisations architecturales, elle réussit à se démarquer par son style particulier, entre lassant le mouvement moderne et le populisme. Glass House, de son nom anglais, est un bâtiment impressionnant, mélangeant une légèreté et une fusion avec la nature.

Nelson Kon, Casa de vidro(Glass House), 20 Février 2019, Photographie, Récupéré du site internet du photographe Brésilien Nelson Kon,
http://www.nelsonkon.com.br/en/casa-de-vidro/

Une femme, au milieu d’une mer d’hommes

« La maison représente une tentative de communion avec la nature. Je cherche à respecter cet ordre naturel avec clarté. Je n’ai jamais aimé les maisons fermées qui se détournent de l’orage et de la pluie. » [1]

Ces phrases même décrivent bien comment Lina Bo Bardi, grande architecte italo-brésilienne multidisciplinaire ( urbaniste, militante sociale, professeure et designer) perçoit la majorité de ses œuvres architecturales, incluant la « Casa de Vidrio ». Cette maison issue du style moderniste est érigé dans les années 1950. Malgré le fait même que Lina Bo Bardi est une femme forte, accomplie, pleine de potentiel et de talents, l’époque dans laquelle celle-ci produit ses créations ne lui redonne pas tout le crédit et la grandeur de ses œuvres. D’ailleurs, celles-ci seront souvent éclipsées par d’autres grands noms dans l’architecture au Brésil comme Oscar Niemeyer, Lúcio Costa ou encore Affonso Eduardo Reidyla[2]. La photo exposée a été prise par le photographe, urbaniste et architecte de formation, Nelson Kon, qui est basé à Sao Paulo. Celui-ci concentre majoritairement son travail à produire des images modernes et contemporaines du monde urbain et architectural. [3]

Effets et impressions

En observant l’image de Kon, celle-ci donne l’effet que la structure de la maison flotte dans les airs. L’une des raisons de ce ressenti dans l’image pourrait être justifiée par l’utilisation du plan libre, qui consiste à dépourvoir les bâtiments de murs porteurs en incluant des poteaux ou des poutres. Cela permet ainsi d’aménager l’espace à partir de la fonction des besoins ou encore des envies et non en s’imposant des contraintes. De ce fait, cette pratique est assez récurrente dans le mouvement moderniste, puisque celle-ci fait partie d’un des cinq critères que s’imposait l’un des fondateurs de ce mouvement : Le Corbusier [4]. Ainsi, cet effet de légèreté est créé par le plan de l’image en contre-plongée donnant au bâtiment un effet de grandeur. La prise de vue n’expose pas l’entièreté de la structure, ce qui laisse place à un certain mythe autour de la maison, alors que celle-ci est déjà majoritairement cachée par la faune brésilienne.

Organisme et projection spatiale

Comme Le Corbusier, Bardi laisse une place importante au béton, matériel possédant plusieurs qualités en se qui concerne sa fiabilité, de sa durabilité et de sa versatilité, au sein de ses créations. C’est par choix stylistique qu’elle inclut ce matériel, puisque celle-ci désire explorer le style du brutalisme dans « Glass House » [5]. L’usage de la construction « Dom-ino », modèle conçu par Le Corbusier, représente un concept clé quant à sa conceptualisation. Un escalier central accentue l’effet de liberté structurelle [2]. L’absence du coin et l’inclusion de mur-rideau se réfère  aussi au style du Bauhaus, et son obsession de l’éclatement du cube [6]. De plus, lors de la création de son ambitieux projet, Bo Bardi fait usage du style vernaculaire dans l’inclusion de certains éléments dans sa création. Ainsi, l’artiste a créé certains aspects de la maison avec des matériaux locaux et elle inclut des éléments faits de manière artisanale comme les escaliers dans le jardin ou encore les grands fours traditionnels inspirés de la culture brésilienne, mais tout de même conceptualisés par madame Bardi. Ceux-ci sont installés à l’extérieur de la maison [7]. C’est ainsi que ces choix stylistiques contribuent à l’effet de fusion avec son milieu naturel. D’ailleurs, sur les plans exposés plus haut, il est possible de remarquer à quel point la maison se dépose sur son milieu. Ce respect du milieu topographique accentue l’organisme de son emplacement. Comme si le bâtiment avait toujours fait partie de la forêt. Cependant, le couvert forestier n’a pas toujours été aussi invasif sur la propriété. L’architecte du 20e siècle a même du planter des arbres tout autour de la maison, puisque lors de sa construction, il n’y avait pas autant de végétation et la maison était la seule des alentours. Depuis, celle-ci s’est fait entourer de plusieurs autres bâtiments, ce qui a chassé les différents animaux qui rôdaient autour de la maison [7].

Un exemple pour le futur

Au-delà de la conception de la « Glass-House », l’œuvre de Bo Bardi, représentée dans la photo de Nelson Kon, explique une histoire: celle de la symbiose entre le bâtiment et son environnement. Ainsi, en utilisant un jeu de lumière pour donner à la maison dans les arbres une impression de vie et de mouvement, l’utilisation d’une longue exposition montre le mouvement de la nature autour du bâtiment. De plus, le contexte historique et le manque de crédit envers une architecte exceptionnellel, ayant introduit le modernisme en Amérique du Sud par ses projets d’envergure, représentent un bel exemple du domaine de l’architecture étant dominé par la gent masculine. Recemment , un livre fut créé pour inaugurer le lègue patrimoniale que Lina Bo Bardi laisse à la société, incluant des essais concernant la justice sociale jusqu’à ses théories sur le design et l’architecture. Qui sait, il se peut qu’un jour, celle-ci soit incluse dans le cursus des cours d’histoires de l’art ou de l’architecture comme une figure importante, méritant d’être étudiée.

Bibliographie

-[1] WYCHONOK. Thibault. (20 avril, 2021). Numéro. Une maison moderniste en plein cœur de la forêt brésilienne. Récupéré du site web https://www.numero.com/fr/architecture/sao-paulo-bresil-lina-bo-bardi-leonor-antunes-casa-de-vidro-foret

-[2]DA COSTA MEYER.Esther Harvard Design Magazine: After the Flood. (2021). Harvarddesignmagazine.org. Repéré du site web http://www.harvarddesignmagazine.org/issues/16/after-the-flood

‌-[3] KON. Nelson (2019, February 20). Nelson Kon; Nelson Kon. Récupéré du site web http://www.nelsonkon.com.br/en/

-[4] Sitelecorbusier.com, (2019). L’architecture de Le Corbusier, Ressources pédagogiques. Récupéré du site web https://sitelecorbusier.com/wp-content/uploads/2019/07/larchitecture-de-lc.pdf

-[5] Funderburg, L. (2015, February 28). A Brilliant Architect Finally Gets Her Due. Architectural Digest; Architectural Digest. Repéré du site web https://www.architecturaldigest.com/story/lina-bo-bardi

-[6] Référence et information puisé lors du cours portant sur le Bauhaus.

-[7] WOUK ALMINO, Elisa. (2016, November 21). Lina Bo Bardi’s Glass House and the Multiple Worlds It Contains. Hyperallergic; Hyperallergic.Récupéré du site web https://hyperallergic.com/335348/lina-bo-bardis-glass-house-and-the-multiple-worlds-it-contains/

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