La nuit tombe sur Notre-Dame.

Basilique Notre-Dame de Montréal, James O’Donnell, 1824-1829. Source : Ménélik BLANC (2021)

L’image que nous étudions aujourd’hui est une photo de la façade de la basilique Notre-Dame de Montréal prise en 2021, avec un appareil photo Canon Rebel T7, et qui a ensuite été retouchée sur un logiciel afin de faire ressortir le contraste et les couleurs. La durée d’exposition a été de 25 secondes, pour un ISO à 200.  L’ouverture focale et de f22 afin de garder l’image nette sur l’ensemble de la façade. L’image essaye de suivre la règle des tiers, en mettant les tours sur les lignes de division. Prise à 5h du matin, elle met en valeur la spectacularisation nocturne du monument. La place d’Armes, lieu de prise de vue, qui fait face à la basilique permet tout d’abord de prendre du recul pour admirer l’édifice. Les deux tours, celle de la Persévérance, à gauche, et celle de la Tempérance, à droite (en rénovation) comportent respectivement un carillon de dix cloches dans l’une et le gros bourdon de 11 tonnes dans l’autre. Leur taille qui double la hauteur de l’édifice rappelle l’ancien surplomb des habitations adjacentes et le passé de la ville de Montréal, comme Ville aux cent clochers. La couleur bleue évoque le domaine du céleste, du sacré. En psychologie c’est le symbole d’une vie intérieure apaisée et du détachement de l’âme. On comprend ainsi mieux le choix de l’éclairage choisi pour cette église. Ensuite, la couleur pourpre du ciel évoque quant à elle, la magie, ou la spiritualité. Enfin, la nuit, dans certaines œuvres peut représenter le sommeil de l’âme, l’éveil spirituel, ou encore le renouveau, la renaissance. Le point de vue en contre-plongée souligne l’imposante taille de l’édifice. La photo est centrée sur les statues de Saint-Jean-Baptiste, de la Vierge Marie, et de Joseph, protecteurs des Canadiens Français ainsi que sur la croix qui est placée entre les deux tours.
La façade est orientée vers le « nord » montréalais et le plan de l’édifice est rectangulaire. Le bâtiment est en pierre grise de Montréal, et les fenêtres en verre non teinté. D’après la fiche patrimoniale de la basilique, « L’approche néogothique consiste alors à utiliser un vocabulaire architectural gothique dans le cadre de compositions classiques. » L’aspect néogothique est ainsi rappelé par l’ornement, par la forme des fenêtres et leur encadrement, en arcs brisés, par les pinacles, et par l’apparence médiévale avec des créneaux, des contreforts (non visibles sur l’image), et des hautes tours. Toutefois les formes symétriques et rectangulaires sont plutôt d’esprit classique. L’emplacement, le volume et les clochers confirment qu’il s’agit-là d’une importante église chrétienne. Les trois grandes portes laissent deviner l’ampleur de la nef. 

La Basilique Notre-Dame de Montréal est la deuxième plus grande église de la ville. Deux siècles durant, elle était la seule paroisse de la municipalité, et ses registres fournissent aujourd’hui un nombre important d’informations sur la vie de ses paroissiens. Elle n’a pas été construite d’une traite et son histoire s’est plutôt faite par à-coups successifs entre le XVIIè et le XIXè siècle. Lorsque Paul de Chomedey de Maisonneuve fonde la congrégation Notre-Dame, en 1642, c’est alors au sein d’une petite chapelle en bois dans le Fort de la Place Royale qu’elle s’installe. Mais l’espace n’étant pas suffisant, il faudra songer à l’agrandir plusieurs fois. En 1823, La population se multiplie à grande vitesse et l’évêque Mgr Lartigue souhaite établir une nouvelle église. Après une campagne de dons auprès des fidèles, on décide de contacter l’architecte New-Yorkais James O’Donnell, l’un des meilleurs de son époque, dans l’architecture gothique. La cathédrale sera inaugurée en 1829, peu de temps avant le décès de l’architecte qui l’a imaginée, et les tours seront achevées en 1843 grâce à John Ostell.  Cependant, à ce moment la beauté de la façade promet une qualité que le mobilier intérieur n’atteint pas, et pour cette raison, les voyageurs étaient souvent déçus. En 1856, le curé Rousselot décide de restaurer et d’agrandir une nouvelle fois. Il part pour Rome en 1872 et en revient avec une statue de la Madone. Il établit un plan de décoration de la cathédrale avec l’aide d’un architecte et d’un prêtre. La voûte sera ainsi ouverte, toutes les surfaces polychromées, et la grande verrière disparaîtra. Toutes ces modifications seront inspirées par la Sainte-Chapelle de Paris que visitait souvent le curé Rousselot.  Les rénovations se terminent vers 1880 mais de la décoration continue à être ajoutée. Des vitraux y retracent l’histoire de la Nouvelle-France. La chapelle du Sacré-Cœur, construite en arrière de l’église par les architectes Perrault et Mesnard, en 1888, était destinée à recevoir des associations. En 1978 celle-ci subit un incendie, et le conseil de fabrique la fait restaurer pour 1982. Cette même année, l’église devient basilique mineure et reçoit, en 1984 la visite du pape Jean-Paul II. En 1989, la nouvelle basilique est désignée lieu historique national du Canada et est également comprise dans le Site patrimonial du Vieux-Montréal. On lui reconnait sa valeur historique, architecturale et artistique. Elle héberge, sous son parvis et dans sa périphérie, des trésors archéologiques et ethnologiques d’une grande valeur. En 2000, on y célèbre les funérailles de l’ex premier-ministre Pierre Elliott Trudeau.
Si Alan Gowans disait en 1952 dans le Journal of the Society of Architectural Historians que “Notre-Dame, parish church of the city of Montréal, is not well enough recognized for the excellent example of gothic revival building that it is”, on peut dire que le monument a retrouvé sa place dans la reconnaissance patrimoniale qui lui est faite aujourd’hui. En effet, le lieu est maintenant visité non pas seulement par les fidèles qui viennent y prier quotidiennement, mais également par les touristes qui le considèrent comme l’un des monuments importants de la ville.  

Bibliographie :

Desjardins, Louise. Notre-Dame de Montréal. Article paru dans la revue L’Interdit, janvier-février 1979, #267. Récupéré de :

Gowans, Alan. Notre-Dame de Montreal, dans Journal of the Society of Architectural Historians

Vol. 11, No. 1 (Mar., 1952), pp. 20-26 (7 pages). 1952. Récupéré de :

https://www-jstor-org.proxy.bibliotheques.uqam.ca/stable/987674?seq=1#metadata_info_tab_contents

Lambert, Maude-Emmanuelle. Basilique Notre-Dame de Montréal. 2017. Récupéré de :

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/basilique-notre-dame-de-montreal

Lauzon, Gilles. Basilique Notre-Dame de Montréal. Récupéré de :

http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-646/Basilique%20Notre-Dame%20de%20Montr%E9al#.YXjSX56xNPZ

Turenne, Martine. La Basilique Notre-Dame, L’Église-mère de Montréal. 2012. Récupéré de :

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Ville de Montréal,  (2009) Fiche de la Basilique Notre-Dame de Montréal. Récupéré de :

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Auteur inconnu, 2021, Basilique Notre-Dame de Montréal (Wikipédia). Récupéré de :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Notre-Dame_de_Montr%C3%A9al

Auteur inconnu (2021), Chapelle Notre-Dame du sacré -Coeur

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Notre-Dame_du_Sacr%C3%A9-C%C5%93ur

Auteur inconnu, 2020, Le symbolisme du bleu, couleur céleste. Récupéré de :

Barbara Tobolosky, 2021, Quelle est la véritable signification des couleurs !

Auteur inconnu, 2021, Le symbolisme de la nuit. Récupéré de :

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