L’image ci-dessus est une photo de l’une de façades de la Cathédrale de la Sagrada Familia, Barcelona. La photo a été prise en juin 2018 avec une caméra Canon EOS M10, et soumis au 16e concours annuel de photographie du Magasin Smithsonian en août 2018 dans la catégorie du voyage.
La construction de la Sagrada Familia débutait en 1882 avec l’architecte Francisco de Paula del Villa y Lozano (1828-1901) puis en 1883 à 31 ans Antoni Gaudi (Catalogne 1852-1926) a pris le projet et à sa mort il n’était pas fini que le quart de l’église. La Sagrada Familia placé entre montagne et mer au plein centre de Barcelone qui à l’époque de Gaudi était dans un essor économique et La Sagrada Familia est une expression de l’identité catalan [1]. Ce Photographie montre une partie de la façade de la Nativité et l’Enfance de Jésus (1883-1926). Riche en détails est un hommage à la vie végétale, animal et à l’homme, inscrite le mouvement d’art moderne catalan, dont le mouvement d’Art nouveau. Le statuaire fait avec la technique de moulage avec des modèles vivants. Le statuaire raconte le passage biblique. L’angle que le photographe a pris nous montre la verticalité du renaissant gothique qui mène vers Dieu et l’on apprécie aussi les petites rosettes de vitraux caractéristiques du style Gothique peints par Joan Vila-Grau (1932). Il a utilisé pour les vitraux des couleurs chauds comme le rouge et le jaune qui évoquent le jour et à l’opposé des couleurs verts, blues symbolisant l’après-midi, la nuit, la mort et le sépulcre.
L’association de Dévots de Saint Joseph voulait dédier une l’église expiatoire à Saint Joseph, tête de la Sainte Famille. Ces Dévots partageaient l’interprétation moraliste de Pugin[2] dont le style gothique exprime le mieux la fois chrétienne, appelés aussi les joséphistes ils ont acheté un terrain placé à Cerda, banlieue pauvre de Barcelone, pour cela Gaudi a surnommé le projet « La Cathédrale des pauvres ». Ce Temple Expiatoire et née comme une église pour les ouvriers de Barcelone et depuis cinq générations et plus de 138 ans de chantier la Cathédrale continue en construction. Soutenu par des donations de croyants qui cherchaient la rédemption des leurs péchés et les revenus générés par plus de trois millions de visiteurs par année. En principe, l’église serait entièrement Néogothique mais le résultat est une Crypte (1891) Néogothique et une Cathédrale unique au monde. Pour la construction de la façade de la Nativité (1891-1929), Gaudi a dédié 43 ans de sa vie et depuis 1914 Gaudi il n’a rien fait d’autre, il vivait et travaillait dans l’église jusqu’à sa mort tragique en 1926. Gaudi savait qu’il n’allait pas finir son chef d’œuvre[3], il l’appelé l’œuvre de générations.
Je pense que le photographe a choisi cet angle, parce qu’il voulait mettre en valeur la singularité de cette façade. Comme dit “Emerson …decoration is of the first and supreme importance” (In Lyons, N. ,1966). Si j’encadre la photo, elle n’aurait pas de ligne d’horizon claire, puis la perspective pointe vers le ciel mais l’on perd le point de fuite. En premier plan, la façade contient trois portails celui de la Foi, de la Charité et de l’Espoir avec le schéma conceptuel de Gaudi pour le statuaire exprimait une unité linéaire qui commence dès l’Annonciation dans façade de la Nativité et culmine dans l’Ascension au ciel de Jésus dans la façade de la Passion. Puis les quatre tours asymétriques qui symbolisent quatre de douce apôtres. Dans cette photographie on sent la verticalité de la façade alors l’observateur ne peut que laisser son esprit s’envoler vers le ciel, saturé de éléments écrits, des symboles, des animaux, des végétaux et de personnages qui culminent dans un cyprès coloré en vert et enveloppé des blanches colombes. Cette photographie ne laisse pas apprécier toute la façade ni la totalité des trois portails. On voit à peine l’arbre de cyprès, symbole du Christ, et encore moins les colombes ‘’surréalistes’’ dont symbolisent les âmes de bienheureux. Cependant on voit bien le Couronnement de la Vierge et au-dessous l’Annonciation par l’Ange Gabriel aussi Le Chapelet qui est en marge, de même que les signes du zodiaque symbole de la prophétie du Messie. De part et de l’autre de l’étoile de Bethléem deux anges surplombant le Portail de la Charité[4]. Enfin, dans le Portail de l’Espoir[5] on observe le mariage de la Vierge et de Saint Joseph. À l’extérieur de celui-ci l’on verrait Saint Joseph dont le portrait du Gaudi, hommage fait à l’architecte par les sculpteurs. Le langage visuel ainsi que le mouvement des plis, du feuillage, des palmes, le tout inspiré de la nature et inscrit dans l’art nouveau inspiré par l’honnête de Violet-le Duc où le décor découle directement de la structure rugueuse pleine de grottes et détails curvilignes expriment le rejet de la ligne droite. Et une horreur du vide qui me fait penser au baroque (style XVII, XVIII) tardif. La fenestration accomplisse très bien le rêve de Gaudi et de l’abbé Sauger (Abbaye Saint-Denis 1122-1121) de laisser passer la lumière divine.
La Sagrada Familia est construite avec rigueur millimétrique et dessiné comme si elle était un instrument colossal qui contient toutes les notes musicales d’un Organe[6] dont La façade de la Nativité a 84 cloches hyperboloïdes pour imiter le son du carillon ainsi les 84 de la façade de la Passion simulent le son de trompettes. Aussi les tours de la Vierge ont 84 cloches annulaires pour imiter le diapason. Et finalement pour la façade de la Gloire plus de 48 cloches traditionnelles, la musique produit dans la Basilique devrait s’entendre dans un radio de trois km.
Le plan basilical avec ses trois nefs accolées recoupées par un transept, le tout formant un dispositif en forme de croix latine. De plus cinq nefs longitudinales. Entouré d’un cloitre rectangulaire, 12 tours périmétriques, symbolisent les apôtres et 6 tours intérieurs, la tour centrale est celle du Christ et au sommet de l’abside la tour de la Vierge. Le chœur, terminé par une abside circulaire et bordé d’un déambulatoire greffé de sept chapelles rayonnantes dédies aux douleurs et joies de Saint-Joseph.
La partie orientale correspond à la façade de la Nativité et l’enfance de Jésus (1883-1926) dont s’occupe notre analyse. Par ailleurs, la partie occidentale est la façade de La Passion (1954-1977) représente la crucifixion du Christ, malgré l’aspect moderne des sculptures dont les personnages paraissent sortis du film de Star Wars (Bellesguard, Barcelone) Josep Maria Subirachs[7] a suivi les dessins de Gaudi qui voulait que cette façade fasse peur. Et finalement la façade de la Gloire qui contiendra la tour centrale de 170 mètres, un mètre plus bas que le Monjuïc, puisqu’elle ne peut pas dépasser l’œuvre de Dieu (Gaudi). Le Temple devrait être terminé pour le centenaire de la mort de Gaudi en 2026.
Gaudi connaissait bien le gothique, avant La Sagrada Familia il a travaillé dans la restauration de la cathédrale de Majorque (1903-1914). Par ailleurs Gaudi a dessiné le projet pour les Missions catholiques franciscaines (Tanger 1892-1893) et le projet d’hôtel (New York 1908) mais ces projets ne se concrétisent pas. En revanche ceux deux projets expérimentaux sans doute ont fait progresser la conception de maquettes de la structure de la Sagrada Familia épurant l’étude de surfaces rythmées en forme d’hyperboloïde (Parc Guell) ou de paraboloïde hyperbolique (Colonia Guell)[8]. Ainsi les nefs ressembler à une forêt de colonnes, polychromes en Montjuïc et en granit. Ces colonnes bifurquées où la lumière filtre à travers les ouvertures circulaires des voûtes. Celles-ci sont terminées par des carreaux de verre vénitien de couleur verte et or, articulant les lignes des hyperboloïdes. Elles soutiennent les voûtes conçus comme l’interception de trois géométries : hyperboliques paraboliques, hélicoïde et hyperboloïde.[9] Ces surfaces, surtout l’hyperboloïde transmettaient les charges verticales aux piliers avec un poids minimum, permettaient à la lumière de pénétrer dans le temple (Gómez-Serrano, 2009). Gaudi disait si la nature produit de splendides formes décoratives mais avant tout des éléments fonctionnels et utiles ainsi en recherchant fonctionnalité, [10] l’architecte atteindra à la beauté.
Le Temple de la Sagrada Familia est considéré une construction avec un plan, une composition et un style gothique mais une structure organique rempli par une forêt de colonnes bifurqués.[11] Grâce à l’observation approfondi de la nature, la forme et la structures de plaintes Gaudi a réussi à modifier le projet initial du Temple. Ainsi qu’aux connaissances de matériaux, de la géométrie et un travail concerté avec tous les corps de métiers. Le temple a de l’influence gothique, morisque, Catalan vernaculaire, moderne et en 2005 L’Unesco l’a déclaré patrimoine de l’humanité. Quant à la photographie comme image de l’architecture, Pellizari la décrit comme lieu familier qui peut être transformé en symbole[12], et qui devient elle-même un produit capitaliste (Harvey David), donc la Sagrada Familia est devenue la marque et l’icône touristique de la ville de Barcelone,[13] mais il ne faut pas oublier que Gaudi est un visionnaire qui est sortie de chantiers bâtis et que sa rébellion contre la ligne droit l’amené à concevoir des bâtiments uniques qui sont devenus un symbole d’identité national pour les catalans. Cependant lors de son accident en 1926 Gaudi n’a pas reçu d’assistance puisque personne ne l’ait reconnu. Il était obsédé avec le projet au point qu’il avait négligé sa personne, et celui qui a construit un symbole d’identité catalan est mort à l’hôpital comme s’il n’avait pas d’identité.
[2] Bergdoll, Barry, «Nationalism and Stylistic Debates in Architecture » in European Architecture 1750-1890, Oxford, page 157
[1] Colquhoun, Alan, « L’art nouveau. 1890-1910 » et « L’urne et le pot de chambre. Adolf Loos, 1900-1930 » dans L’architecture moderne [2002], tr. F. et J.-C. Garcias, Gollion: Infolio, 2006, page 37
[3] BASSEGODA NONELL, Juan, Photographies LEVICK Melba. Gaudi Le génie des formes. Éditions Abbeville. Page 125
[4] BASSEGODA NONELL, Juan, Photographies LEVICK Melba. Gaudi Le génie des formes. Éditions Abbeville. Page 138
[5] Gaudi Antoni, Expiatory Church of the Sagrada Familia 1882. Burry Mark Architecture in Detail. Phaidon. 17. « Le Corbusier lors de la visite à Barcelone en 1928 »
[6] NATIONAL GEOGRAPHIQUE Documentaire. La Sagrada Familia, Majestuosidad en Piedra. SANTANA Galdric, Architecte musicologue. National Geographique www.youtube.com/watch?v=vgf7rrUKW00
[8] BASSEGODA NONELL, Juan, Photographies LEVICK Melba. Gaudi Le génie des formes. Éditions Abbeville. Page 125
[9] Gaudi Antoni, Expiatory Church of the Sagrada Familia 1882. Burry Mark Architecture in Detail. Phaidon. 46-50
[10] BASSEGODA MONELL, Juan, Photographies LEVICK Melba. Gaudi Le génie des formes. Éditions Abbeville. Page 8
[11] Huerta Santiago (2006) Structural Design in the Work of Gaudí, Architectural Science Review, 49:4, 324-339, DOI: 10.3763/asre.2006.4943
[12] PELLIZARI, Maria Antonella. Photography and Italy, Reaktion Books, Limited 2010 . <<Photography, memory and a new perception of place shaped Luigi Ghirri’s programmatic investigation of the Italian landscape beyond what was known and stereotypical. Between 1970 and 1992 (the year of his premature death), Ghirri articulated by means of both images and superb essays his idea of photography as a map of familiar sites that could be revisited and transformed into symbols, visual puns and moments of enchantment.>> Page 18,
Bibliographie
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