La Villa Mairea située à Noormarkku, en Finlande, a réussi à devenir un chef-d’œuvre architectural tout en étant une maison expérimentale. Ce court essai vous en apprendra davantage sur cette construction unique, située en plein milieu boisée, mais pas à la portée de tous.

Introduction de la villa : l’analyse du plan original

Le plan ci-dessus représente le rez-de-chaussée de la Villa Mairea construite en 1939 à Noormarkku en Finlande. Imaginée et développée par le célèbre architecte finlandais Alvar Aalto, cette villa fut sa véritable première expérience dans le monde de la personnalisation de résidences.

Dès le départ, on peut dire que le plan est ancien par le fait que la couleur blanche du plan est noircie, les écritures sont effacées et il semble y avoir des taches sur l’ensemble du plan. Ces éléments ne viennent pas nuire de façon générale à la distinction des formes et des détails du bâtiment sur le plan. Au niveau de la forme même de la villa, celle-ci est en forme de « L » plus ou moins symétrique.

Au niveau de l’entrée, celle-ci est désaxée du centre de la villa et est située un peu plus à droite, côté sud de celle-ci. D’ailleurs, un aménagement non symétrique, à ce qui parait à la pose de dalles au sol de style pas japonais, est présent pour accéder à l’entrée. Le hall d’entrée est en contrebas par rapport au reste de la villa, car pour accéder aux autres pièces, un escalier de 4 marches nous y conduit.

Par la suite, le rez-de-chaussée semble divisé en 3 sections. La première section, du fait de par sa configuration en carré, donne sur des espaces de vie communs spacieux et lumineux. Il y a la présence de grandes ouvertures pour les fenêtres. Plusieurs points noirs sur le plan représentent en fait des colonnes qui se veulent une imitation de tronc d’arbre rappelant ainsi l’aspect important de la nature. D’ailleurs, Richard Weston, professeur, architecte et titulaire de la chaire d’architecture de l’Université de Cardiff décrit le résultat d’une telle disposition : « glass alternates with solid, curved panels, so that when low sun, or artificial light, spills out it recalls sunlight through tree » (Plans, Sections and Elevations : Key Buildings of the Twentieth Century, 2004, p.87). C’est donc même l’ambiance que crée la lumière dans une pièce qui a été pensée. Tout cela dans un but d’imaginer qu’on se promène dans une vraie forêt, mais à l’intérieur de la pièce.

Les types de matériaux pour le revêtement de plancher sont aussi représentés. Pour le salon, on peut distinguer l’utilisation de planches de bois par des lattes de formes rectangulaires. L’accès aux étages se fait par un escalier possédant un palier. Par la suite, la deuxième section de la villa, de forme rectangulaire, est la salle à manger. On la reconnaît, car le mobilier est tracé; une longue table sur la longueur pouvant accueillir 14 personnes. On met donc l’accent sur la capacité d’accueil de cette villa. Elle se veut rassembleuse où plusieurs personnes puissent s’y rassembler aisément. De plus, un mur courbe est présent pour séparer la salle à manger du hall d’entrée.

Subséquemment, la troisième section de la villa, de forme rectangulaire, se veut un peu plus cloîtrée par rapport aux autres sections. La présence de nombreux murs et de portes, crée un certain détachement par rapport aux autres pièces de la villa. Ici c’est plus l’intimité qui prime. D’ailleurs, c’est là que nous retrouvons les chambres, la cuisine et la salle de bain. Le corridor pour accéder à ces pièces semble relativement étroit, comparé aux grandes dimensions de la villa. Il est intéressant de voir qu’il n’y a pas de suggestion pour le revêtement de plancher. Celui-ci est laissé en blanc. Encore une fois, la présence de nombreuses fenêtres, laisse présager une abondance de lumière naturelle dans les pièces.

Finalement, l’accès à la cour se fait de 2 façons. La première à partir du salon et la deuxième à partir de la salle à manger. Des pas japonais sont représentés en guise de chemin. L’aménagement même de la cour extérieure n’est pas vraiment perceptible.  Il n’y a pas de représentation d’éléments naturels ou de quelconques aménagements potentiels. De petits tableaux ainsi que des lignes plutôt difformes s’y retrouvent à la place.

 

Bref, on sent que la configuration de la villa fait en sorte que l’accès aux espaces communs est mis de l’avant. Les pièces plus intimes sont aménagées au fond de la villa, en retrait. L’abondance d’ouvertures pour les fenêtres, amène beaucoup de lumière naturelle.

Histoire du projet : son évolution depuis les débuts

Ce plan de villa résulte d’une commande passée par un riche couple de la région de Noormarkku, en Finlande. Conçue pour Harry et Maire Gullichsen, cette villa se voulait une réponse au désir du couple d’un habitat moderne, qui met en valeur les traditions finlandaises, notamment l’utilisation du bois, mais tout en gardant le caractère sacré de la nature.

Il est intéressant de noter que la maison actuelle n’était pas la première idée conçue par Aalto. Au tout début, c’est plutôt une ferme vernaculaire qui a été pensée. L’idée n’a pas été bien reçue par le couple, car selon eux, le concept n’était pas assez actuel. Aalto opta alors plutôt pour un plan scandinave traditionnel en forme de « L ». Alors que les travaux commencent, c’est Aalto lui-même qui trouva que son élaboration ressemble plus à une demeure victorienne campagnarde. Il décida de modifier un peu son plan, ce qui donne le résultat d’aujourd’hui.

La problématique

Bien que cette villa représente un exemple de chef-d’œuvre pour l’époque, une certaine problématique peut résulter à la suite de l’analyse du plan et du contexte. En effet, Aalto souhaite redonner l’habitat à l’Homme. Le courant architectural du modernisme des années 20, dans lequel il baigne, soulève plusieurs problématiques relevées par celui-ci. Les nouvelles techniques utilisées amènent les bâtiments à prendre beaucoup d’expansion et consommer beaucoup d’espace, ce qui représentera des dangers dans l’avenir. Ainsi, avec cette villa il veut démontrer que l’habitat doit dorénavant mieux intégrer la nature autour des constructions. Il faut que la nature soit à la base de tout et non de la raser en fonction du projet. Or, si la villa prend en compte la nature et l’intègre parfaitement, elle ne règle pas l’effet multiplicateur de tel projet.

En créant une immense demeure dans un site vierge, on ne vient pas vraiment consolider les quartiers déjà existants. En faisant cela, l’accent est plutôt mis sur l’individualisme que sur l’esprit de communauté. Avec les commodités de l’époque (plutôt luxueuses) comme la piscine et le sauna, c’est un exemple d’opulence et tout cela coûte très cher à entretenir. Si on tentait de reproduire cet exemple dans les milieux déjà développés, il en résulterait d’une difficulté énorme, voire d’une impossibilité. Cette villa ne prend pas en compte des problèmes d’étalements qu’engendre le courant du modernisme de l’époque, avec les grands bâtiments de grande volumétrie.

Au contraire, du fait qu’elle est de grande superficie, cette villa consomme beaucoup d’espace naturel et ne permet pas de changer les mœurs de l’époque qui privilégient les grands espaces individualistes, et l’effet de grandeur. Également, avec l’analyse du plan précédemment, l’espace général dans la villa n’incite pas à revenir à un mode de vie plus minimaliste. Les grands espaces communs et la taille générale des pièces invitent à consommer de l’espace plus que nécessaire.  La multiplication des pièces est digne des grandes maisons de l’époque, qui n’en déplaise, est réservée à une classe sociale qui en a les moyens. Cet exemple ne répond pas au problème de l’époque de repenser les quartiers plus populaires de l’époque, là où la majorité de la population y réside afin de consolider et maximiser l’espace déjà utilisé.

Bref, je trouve moi aussi que la villa est un bel exemple d’intégration de la nature avec l’habitat. Or, étant imposante et située dans un site vierge idéal, elle n’est pas à la portée de tous. Je la trouve comme un exemple primaire de ce à quoi il faut penser lors de nouvelle constructions, mais il faudrait intégrer ces idées dans une échelle beaucoup plus petite, pour que cela change les mentalités.     

Conclusion

Bref, la Villa Mairea est un exemple de modernisme pour l’époque. Mettant la nature au cœur de celle-ci, ce modèle met l’accent sur l’individualisme et le confort personnel. Or, ce modèle unique est difficilement reproductible dans des milieux plus urbanisés où la nature a fortement été réduite. Signe d’opulence et de luxe, ce modèle est réservé à une certaine classe plus élitiste, reléguant en second plan le désir de repenser les quartiers populaires existants.

Bibliographie

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Bureau, Sabrina, Lapointe, Amélie et Pascale Mailhot, Étude d’une pensée constructive d’architecte. En ligne. <https://www.arc.ulaval.ca/files/arc/Alvar-Aalto_Villa-Mairea.pdf>. Consulté le 19 février 2022.

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Sveiven, Megan, AD Classics : Villa Mairea / Alvar Aalto. En ligne. <https://www.archdaily.com/85390/ad-classics-villa-mairea-alvar-aalto>. Consulté le 18 février 2022.

Weston, Richard, « Villa Mairea », Plans, Sections and Elevations : Key Buildings of the Twentieth Century, United Kingdom, Laurence King Publishing, 2004, p. 86-87. En ligne . <https://books.google.ca/books?id=3xC94YX9GLcC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false>.