Figure 1 : Photographie de la Villa Tugendhat, Ludwig Mies van der Rohe, 1929–1930.
1.1 Objectif:
Au tournant de l’année 1800, l’ensemble des écoles d’architecture est uniquement ouvert qu’aux hommes. Autrement dit, l’art dite « noble », nécessitant une réflexion fine et complète, est réservée aux hommes. Il s’agit donc d’une idéologie qui n’accord aucun pouvoir en désavantageant les intérêts de la femme dans le monde de l’art (ce qui apparaît donc comme une pratique discriminatoire nonobstant les inégalités entre hommes/femmes). Ainsi, la présente à comme objectif d’illustrer comment l’œuvre choisie ( Villa Tugenthat 1929-1930) redéfinie des liens sociaux entre femmes/hommes dans l’engagement de la réalisation d’une œuvre architecturale (alors que cette relation n’existait pas au auparavant). Dans cette perspective, la section qui suit présente la mise en contexte de la typologie d’étude, la problématique, ainsi qu’une analyse approfondie en vue de cerner de près la conception architecturale de l’œuvre.
1.2 Mise en contexte :
Chef d’œuvre architecturale de l’architecte allemand Ludwing van der Rohe et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001, la Villa Tugenthat (1929-1930) est l’une des créations emblématiques la plus importante de l’architecture moderniste qui ouvre la porte aux femmes pour redéfinir leurs rôle dans la société. Si la Villa se distingue par sa richesse volumétrique (représentant le style international d’un mouvement moderne en architecture), et il est certes vrai qu’elle incarne des concepts spatiaux et esthétiques «Novateurs » qui substituent d’une architecture de la transparence et de la rigueur des propositions. Conçue à l’origine pour le couple Grete et Frits (membres de riches familles industrielles), la typologie, pendant la Seconde Guerre mondiale est abandonnée. Puis, occupée par les troupes soviétiques comme une maison étable. Au tournant de 1980, elle connut une restauration pour ensuite devenir un musée ouvert au public.
1.3 Problématique:
Évidement, dans le milieu des arts, il était plus difficile aux femmes de participer à la conception des plans d’architectures ou à la conception de grands projets d’envergures. En dépit de cette situation, la profession, voire même les taches artistiques dédiés aux femmes se limitent uniquement via le textile, le tissage, la fabrication de drap ou la peinture des portraits.
Toutefois, l’année 1919 s’avère comme une période influente dans l’histoire de la formation des femmes dans le monde artistique (plus précisément en Allemagne). En ce sens, l’école d’art et de pensée de Bauhaus apporte une réforme sociale en ouvrant la porte aux femmes en vue de faire une coupure radicale consciente avec le passé ( l’époque ou l’ensemble des écoles d’architectures étaient réservées uniquement aux hommes). À ce sujet, Walter Gropius, fondateur du mouvement Bauhaus, en stipule qu’il n’y aurait « aucune différence entre le sexe fort et le beau sexe » et « toute personne ayant une bonne réputation et disposant d’une formation appropriée sera admise dans la mesure des places disponibles, quel que soit son âge ou son sexe »
A cette vision, la Villa Tugendhat, réalisée par Ludwig Mies van der Rohe (directeur du mouvement Bauhaus), figure parmi des œuvres qui fait rupture avec les anciennes techniques d’architectures, et ce, en mettant en valeur l’intégration et la créativité des femmes dans la faisabilité d’un projet architectural. À titre d’exemple, Lilly Reich (membre de l’École de Bauhaus), designer et architecte d’intérieur Allemande, en travaillant en étroite relation avec Ludwig Mies van der Rohe, a eu l’opportunité de réaliser la conception, de même que le design intérieur de la Villa Tugenthat. Par exemple, les mobiliers domestiques du style Bauhaus (chaise conçue avec tubulaire d’acier) ou la structure spatiale des pièces de la Villa. Par ailleurs, d’autre femmes, issues de l’école de Bauhaus, se sont occupées de la conception de l’aménagement paysagiste de la typologie.
En outre, la configuration de l’espace intérieur de la Villa Tugendhat ne témoignent point des inégalités entre homme et femme comme le cas de l’hôtel parisien (1700-1750), où l’espace intérieur est conçue selon le rang/statut social (le plan intérieur évoque une ségrégation sociale dans la distribution des pièces, le couple ne partagent pas les mêmes espaces en raison de leurs différences). A l’inverse, la configuration spatial de la Villa se déploie par des pièces où le couple cohabite sans qu’il ait une discrimination, par exemple les chambres à coucher.
Malgré que l’École de Bauhaus ouvre la porte aux femmes , il en demeure certes vrai qu’il existe encore d’autres formes des discriminations au sein de l’École de Bauhaus, et ce, au niveau de la distribution des taches. En fait, les recherches laissent comme hypothèses que; les hommes occupent de mandat qui exige une grande « réflexion » à l’égard de la réalisation de plans, car ils semblent génétiquement qualifiés pour cette dernière. Or, les femmes s’occupent de design intérieur ou des textiles. Puis, les hommes touchent de grand salaire a l’instar des femmes, ce qui explique les départs de certaines femmes ayant décidé de rompre avec l’École de Bauhaus pour créer leurs propres cabinets d’architecture. Ce phénomène me mène à poser la question suivante : est-ce que la déclaration d’égalité entre sexes, mentionnée par Walter Gropius, ne s’est jamais accomplie?
1.4 Analyse de la coupe en élévation :
Citation:
« Dans les années 20, le mouvement moderne a révolutionné l’architecture, et l’œuvre de Mies van der Rohe, dont la villa Tugendhat est le plus bel exemple, a joué un rôle fondamental dans sa diffusion et dans sa reconnaissance mondiale : l’architecte allemand Mies van der Rohe a appliqué les nouveaux concepts radicaux d’un mouvement moderne triomphant à la conception d’édifices résidentiels. »
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Source : UNESCO (2021) Villa Tugendthat à Brno. Récupéré de : https://whc.unesco.org/fr/list/1052/
Figure 2 : Ludwig Mies van der Rohe Tugendhat House, Brno, Czech Republic, 1928-1930.
Dessinée en l’encre et en crayon sur un papier calque (47.6 x 85.1 cm), le plan ci-dessus présente la coupe en élévation de la Villa, qui fait office d’un nouveau langage architectural du style moderne naît suite à des changements sociaux, culturels et techniques liées à la révolution industrielle. De par ses traits physiques, l’architecte, dans un refus absolu de l’ornement, opte pour une structure cubique composée des bétons armés constitués d’une charpente en acier pour soutenir les gardes corps.
Dotée d’un mode d’implantation isolé depuis un lot en pente, la typologie se voit originale par des volumes enveloppe, des pilotis (référant les cinq point d’une architecture nouvelle du Corbusier), de même que des formes régulières, qui laissent visualiser une libération totale des espaces autour des piliers métalliques. Outre, la structure de la façade embrasse de nouveaux matériaux d’après-guerre, se traduisant d’emblée par la maçonnerie en brique et des ouvertures en verre transparent (des grandes baies vitrées), qui introduisent un niveau de simplicité et de transparence entre l’espace de l’intérieur et de l’extérieur.
Protégé par une ligne de construction de mur en béton, la façade se distingue par un plan libre grâce à des colonnes métalliques, un squelette en acier, y compris une terrasse en béton armé (située sur un toit plat à l’étage supérieur). Intéressant de constater que les murs de soutènement sont également en béton armé et sont posés sur la maison sur un système de semelles isolées, auxquelles se trouvent des poteaux ancrés d’acier en cruciformes. De plus, l’entrée est recouverte des panneaux en palissandre, d’où le dessin intègre des escaliers, voire un sol revêtu des dalles en travertin d’une couleur claire. Porteuse d’une théorie de la simplicité et des formes intelligibles, le dessin se démarque par des parois plaquées en bois du style moderne et un toit plat ( lequel se trouve la terrasse). Somme toute, la coupe en élévation incarne l’approche minimalisme : « less is more », telle que stipulée par l’architecte Ludwig Mies Van der Rohe, consistant à dépouiller un design jusqu’à l’essentiel et de mettre de côté tous les éléments qui ne contribuent guère à la beauté pure ou à la fonction d’un espace.
Figure 3 : Ludwig Mies van der Rohe Tugendhat House, Brno, République tchèque, plan du rez-de-chaussée, 1928-30.
Une fois à l’intérieur, le visiteur est surpris par la présence de la nature en raison du jardin localisé complément à droite ( occupant à la fois l’extérieur et l’intérieur du bâtiment). De surcroît, la lecture du plan laisse comprendre que l’intérieur se déploie par une structure en acier (d’environs 16 poteaux en cruciformes) qui élimine les murs porteur et distribue les pièces ou les usages librement. L’espace se voit sublime par de murs de couleur de marbre, entraînant donc un certain contraste lumineux lorsque le reflet du soleil s’oriente vers ces derniers. Enfin, la majorité des pièces sont de couleur blanche, ce qui permet d’exprimer une texture pure, moderne et fraîche. Par ailleurs, les pièces se déploient par des grands espaces ouverts, qui, a mon égard, permettent d’indiquer clairement le sens d’orientation par des déplacements centrique ou linéaire. Sans doute faut-il aussi rappeler l’intégration des femmes ( Lilly Reich), qui accompagne l’architecte dans la conception de chaque détails du design intérieur des pièces ( celle du rez-de-chaussée ou du premier étage), de même que des systèmes mécaniques innovants aux meubles d’acier (devenus des œuvres classiques du modernisme.)
Conclusion :
Somme Toute, la typologie redéfinie des liens sociaux entre les femmes et hommes dans la réalisation d’une œuvre architecturale. Malgré d’autres type d’inégalité, la Villa Tugendhat, à mon humble avis, témoigne (suite aux revendications menées par des femmes) des rôles des femmes dans la société, de même que leurs résistances face aux oppressions sociales. La collaboration (entre homme/femme pour la conception de la Villa) rompt avec les agencements hiérarchiques habituels qui lui précédaient, et exprime d’une réinterprétation féministe dans l’esprit ou la Villa devient un geste fort qui lie inéluctablement et matériellement le féminisme au modernisme. Ainsi, la collaboration entre Mies van der Rohe et Lilly Reich a permis à celle-ci de participer d’autant plus a d’autres grands projets d’architectures de l’École de Bauhaus, par exemple la maison Lange. Cette collaboration a également permis à Lilly Reich d’être responsable de l’atelier de Dessau, d’être enseignante à l’École de Bauhaus, et d’être d’autant plus nommée (par Mies van der Rohe) directrice de l’atelier de conception d’intérieurs et de tissus.
Bibliographie :
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Commentaire par Olivier Tardif-Saulnier.
De mon point de vue, la mise en contexte est bien informatrice et complète, dans le sens qu’elle nous explique bien où est la Villa Tugenthat, qui l’a fait, dans quelle époque et période historique elle a été érigée, qu’a-t-elle subit dans son histoire et comment la Villa a été occupée pendant la Seconde Guerre Mondiale. De plus vous mentionnez même qu’elle a subi une restauration. Cependant, il aurait peut-être été intéressant de citer quels éléments architecturaux ont été restaurés. Il semblerait qu’il y aurait beaucoup de chose à dire sur cette maison par rapport à son histoire. Voici un bref article qui parle de ce qu’a subit la Villa comme restauration : theguardian.com, La Villa Tugendhat de Mies van der Rohe restaurée en République tchèque. 2012. Lien URL : https://www.theguardian.com/world/2012/jan/31/mies-van-der-rohe-villa-tugendhat .
Pour ce qui est de la disposition des étages, ils sont décrites avec précision et ça rend la découverte d’un tel projet architectural très intéressante. J’ai bien aimé comment vous décrivez la répartition des chambres et des espaces de la maison. On arrive très bien à voir sur le plan dessiné par Mies van der Rohe quelle salle correspond à quel fonction, et comment les étages sont organisés de façon général. J’aime aussi votre manière de décrire la façade et comment elle arrive à se distinguer. Lorsque vous décrivez un élément architectural vous mettez toujours là où c’est situé pour nous permettre de bien suivre efficacement où vous en êtes sur la description. Votre vocabulaire architectural est très soigné, cela paraît que vous n’en êtes pas à vos début dans le monde architectural.
Il aurait peut-être été judicieux, lorsque vous mentionnez les 5 point d’une architecture nouvelle du Corbusier, de justifier quels sont ces 5 points. Voici un livre qui en parle afin de vous informer sur le sujet : Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Œuvres complètes 1910-1929, Les Éditions d’Architecture, 1937, p. 128