Dans le cadre du cours d’architecture depuis les Lumières, nous avions pour consigne d’entreprendre une recherche sur un dessin d’architecture qui nous inspire particulièrement. Pour ma part, j’ai sélectionné la maison Steiner créée par Adolf Loos. J’ai sélectionné cette œuvre car elle comporte plusieurs faits intrigants. En effet, il pourrait être intéressant de découvrir le processus de création de cette architecture qui a fait une grande impression au début du XIXe siècle.
Vers le début du XIXe siècle, le point de vue d’Adolf Loos sur l’architecture est perçu comme futuriste. Cette perception semble authentique, car nous pouvons retrouver de nos jours certains aspects qui peuvent s’apparenter à l’architecture de Loos. Par exemple, on peut retrouver aujourd’hui les murs lisses et dépourvus d’ornementation dans certains immeubles modernes, méthode que cet architecte utilisait souvent dans le passé.
Avant d’aborder l’ensemble du dessin, il faut tout d’abord comprendre comment Adolf Loos perçoit l’architecture. Pour cet architecte, l’architecture doit être en perpétuel développement. Les citoyens ne doivent pas craindre de vivre dans une maison qui représente les temps modernes[1]. Il faut que le bâtiment représente le moment présent[2]. Nous pouvons qualifier cet architecte d’utilitariste, car il exprime lui-même que « les gens doivent s’y sentir à l’aise »[3]. Son style utilitariste peut s’apparenter à la bibliothèque de Sainte-Geneviève d’Henri Labrousse, car le confort était pour lui une priorité; on peut retrouver cet aspect dans le système de chauffage présent dans la bibliothèque. Nous pouvons percevoir dans plusieurs monographies qu’il y a une ambiguïté dans le travail de Loos. En effet, on le défini de « classiciste » et de « moderniste », soit deux modes stylistiques opposés[4]. Nous pouvons comprendre l’aspect classique dans la manière qu’il désire renouer avec la tradition[5]. Il reconnaît l’importance de l’Antiquité classique[6]. D’un autre côté, nous pouvons concevoir que cet architecte est moderniste, car dans son livre Ornement et crime il affirme « [qu’il] n’écris que pour les hommes qui possède un sentiment moderne […] [et qu’il] n’écris pas pour des hommes qui se consument en nostalgie de la renaissance et du rococo.[7] ».
Adolf Loos dépose les plans de la Maison Steiner le 25 juin 1910 à Vienne. Ce projet a été réalisé pour le couple Lilly et Hugo Steiner[8].Cette architecture fut la première villa dans la capitale d’Autriche[9]. Lorsque nous analysons ce plan architectural, nous pouvons remarquer que les murs, les planchers et les plafonds sont représentés d’un trait grossier, alors que les fenêtres et les portes sont dessinées avec des lignes plus fines. Ce dessin est relativement sobre, car il n’y a pas d’élément inutile à la compréhension, ce qui est représentatif de son style épuré. À certains moments, l’architecte incorpore de la végétation, mais cela n’enlève pas le côté minimaliste. Nous pouvons remarquer ces éléments ajouter sur le plan de la façade ci-dessous. Pour Adolf Loos, la simplicité est la clef d’une belle architecture. Il affirme aussi que l’ornementation de type rococo n’a rien de pratique et est jugée d’autant plus futile[10] [11].Nous pouvons remarquer que ce projet a une allure constructiviste. En effet, le plan démontre le caractère exprimé par la forme et non par l’ornementation[12]. Nous pouvons également constater que ce style « classique » est pourvu de certaines caractéristiques d’architecture palladienne avec la composions dépourvue de fioriture et son plan utilitaire[13]. La forme est en quart de berceau par l’avant et elle se coupe à l’arrière[14]. Ce plan comporte une asymétrie au niveau de la disposition des fenêtres, certaines étant plus petites et d’autres plus allongées. Cette irrégularité peut se remarquer dans plusieurs autres projets, par exemple la maison de Khuner[15]. Nous pouvons remarquer que le rez-de-chaussée est à aire ouverte, passant de l’entrée à la cour arrière. Cette caractéristique inspira Loos pour d’autres créations architecturales, dont la maison Tzara, la maison Moller et la maison Müller. Ce grand espace au rez-de-chaussée rassemble la cantine, le salon et la salle de musique. Ce plan, de type air ouverte, demeure un leitmotiv dans les dessins de Loos[16]. Il réfléchit l’espace par le volume et la forme. Ce type d’espace est en lien avec la future théorie de Rumplan d’Adolf Loos qui a été théorisé par son élève, Heinrich Kulka. Selon Loos, « […] the solution of how to arrange the living rooms in three dimensions not in the flat plane… That is the great revolution in architecture: the three-dimensional rendering of a ground-plan! »[17].Sur ce plan, l’entrée est située à gauche du rez-de-chaussée. Nous pouvons comparer ce plan latéral au plan vu de face ci-dessous.
Ce qui fait l’authenticité de ce dessin est l’arrondissement au niveau de la façade extérieure, côté rue. Cet aspect était innovateur à l’époque. L’allure générale du bâtiment est très épurée. La maison contient de grands murs blancs et lisses, ce qui donne un style minimaliste[18]. Certaines contraintes sont survenues lors de l’élaboration de ce projet. Une des limitations était que le quartier résidentiel interdisait aux maisons d’avoir plus d’un étage. C’est entre autres pour cette raison que Loos mit au point une structure en quart de cylindre à l’avant. Cela donne l’impression qu’il y a un seul étage lorsque le bâtiment est observé à partir de la rue[19]. Par contre, lorsqu’on examine ce dessin, nous pouvons voir qu’il y a deux étages. En effet, le deuxième étage est camouflé par la structure arrondie.
Cette architecture est mentionnée dans la majorité des monographies relatant les travaux de Loos. Ce qui en fait une référence marquante avec son allure avant-gardiste pour l’époque, soit le début du XIXe siècle. Loos fait avancer le domaine de l’architecture avec le travail de la forme[20]. L’autre élément qui pousse le développement de l’architecture serait l’allure extérieure complètement lisse, dépourvue d’ornementation et blanche qu’utilise cet architecte[21]. Cette allure minimaliste est un vent de fraicheur en Europe, où l’ornementation a perduré pendant plusieurs siècles.
[1] Loos, A, Cornille, S, Ivernel, P, « Ornement et crime et autres textes », Paris : Payot & Rivages, 2003, p.41.
[2] Idem p.46
[3] Idem p.47
[4] Schezen, R, Rosa, J, Loos, A, « Adolf Loos architecture : 1903-1932 », Paris: Éditions du Seuil,1996, p.78
[5] Loos, A, Tournikiotis, P, «Loos», Paris: Macula,1991 p.15
[6] Loos, A, Cornille, S, Ivernel, P, « Ornement et crime et autres textes », Paris : Payot & Rivages, 2003 p.48
[7] Idem p.61
[8] Loos, A, Tournikiotis, P, Loos, Paris: Macula,1991, p.87
[9] Loos, A, Schachel, R, « La vie et l’oeuvre de Adolf Loos», Liège: P. Mardaga, 1987, p.149
[10] Loos, A, Cornille, S, Ivernel, P, « Ornement et crime et autres textes », Paris : Payot & Rivages, 2003, p.11
[11] Idem p.11
[12] Québec, Université Laval, Étide d’une pensée constructivisme d’architecte. En ligne.< https://www.arc.ulaval.ca/files/arc/Dan-Hanganu_UQAM.pdf >. p.4,5
[13] Loos, A, Tournikiotis, P, Loos, Paris: Macula,1991, p.88
[14] Sarnitz, A, Loos, A, « Adolf Loos, 1870-1933 : Architecte, critique culturel, dandy» Köln: Taschen, 2003, p.43
[15] Loos, A, Tournikiotis, P, Loos, Paris: Macula,1991, p.126
[16] Idem p.91
[17] Jara, C, « Adolf Loos’s Raumplan Theory »,Journal of Architectural Education,1995, p.1
[18] D’Alfonso E, Samsa D, « L’architecture : Les formes et les styles de l’antiquité à nos jours », Architettura, Paris: Solar, 2002, p.239
[19] Schezen, R, Rosa, J, Loos, A, « Adolf Loos architecture : 1903-1932 », Paris: Éditions du Seuil,1996, p.78
[20] Sarnitz, A, Loos, A, « Adolf Loos, 1870-1933 : Architecte, critique culturel, dandy» Köln: Taschen, 2003, p.43
[21] D’Alfonso E, Samsa D, « L’architecture : Les formes et les styles de l’antiquité à nos jours », Architettura, Paris: Solar, 2002, p.239
Bibliographie
D’Alfonso E, Samsa D, « L’architecture : Les formes et les styles de l’antiquité à nos jours », Architettura, Paris: Solar, 2002
Jara, C, « Adolf Loos’s Raumplan Theory », Journal of Architectural Education,1995
Loos, A, Cornille, S, Ivernel, P, « Ornement et crime et autres textes », Paris : Payot & Rivages, 2003
Loos, A, Schachel, R, « La vie et l’oeuvre de Adolf Loos», Liège: P. Mardaga, 1987
Loos, A, Tournikiotis, P, Loos, Paris: Macula,1991
Québec, Université Laval, Étide d’une pensée constructivisme d’architecte. En ligne. < https://www.arc.ulaval.ca/files/arc/Dan-Hanganu_UQAM.pdf >. Consulté le 20 février 2020.
Sarnitz, A, Loos, A, « Adolf Loos, 1870-1933 : Architecte, critique culturel, dandy» Köln: Taschen, 2003
Schezen, R, Rosa, J, Loos, A, « Adolf Loos architecture : 1903-1932 », Paris: Éditions du Seuil,1996
Votre remise préliminaire est complète mais je vous encourage à relire et à éviter les formules du genre « L’objectif de ce travail de rechercher est de comprendre le style et les méthodes utilisés par Loos pour réaliser ce dessin d’architecture ». Pour analyser directement l’image.