Mies Van Der Rohe et la maison Farnsworth

Plan de la Maison Farnsworth
Source: Library of Congress, « Cover Sheet & Site Map – Edith Farnsworth House, 14520 River Road, Plano, Kendall County, IL », https://www.loc.gov/resource/hhh.il0323.sheet/?sp=1[consulté le 13 février 2020]

La maison Farnsworth, chef-d’œuvre de Mies Van der Rohe, est une maison fort fascinante à étudier. Maison construite pour Edith Farnsworth (Zimmerman, 2015 p.63), elle témoigne de l’ingéniosité de Van der Rohe. En analysant le plan, on peut remarquer le génie de Van der Rohe. En effet, lorsqu’on regarde le plan, celui-ci semble être très simpliste. La maison se déploie sur un seul et même étage. En effet, en entrant, on entre par la terrasse inférieure de la maison, qui semble être en quelque sorte détachée du reste du bâtiment. Par la suite, on remonte un autre escalier, pour entrer dans la maison principale. Cette partie de la maison est ce qui reflète l’ingéniosité de Van der Rohe. En effet, il imagine sa maison en mettant toutes les parties cruciales de la maison sur un seul et même étage de 8,8 X 23,50 mètres (Leoni, 2009, p.60). En entrant dans la maison par le biais de la terrasse supérieure, tout est bien agencé dans un espace confiné. En effet, dès le moment que l’on entre dans la maison, son bureau personnel et sa salle à manger sont presque côte à côte. Par la suite, la partie centrale de la maison est réservée à deux salles de bains, à la cuisine et au foyer. Le salon est positionné en face du foyer, ce qui montre la compréhension intelligente de Van der Rohe face à l’aménagement résidentiel. Par la suite, le reste de la maison est réservée à sa chambre à coucher. Or, on pourrait penser que la maison est encombrée, et sans aucun espace vide. Or, ce n’est pas du tout le cas. Mies fait partie du courant architectural du modernisme (Delorme, 1992, p.68). En analysant le plan, on peut remarquer que la maison est très simpliste, contenant seulement les éléments essentiels, et dépouillés d’ornements et d’éléments superflus. Or, cette mode a été théorisée par Alfred Loos. Selon lui, dans les architectures modernes, comme celles de Van der Rohe, les ornements disparaissent des objets du quotidien, pour faire une architecture très épurée (Delorme, 1992, p.69). Loos, au final, qualifie cette approche comme étant « éblouissante et nue » (Delorme, 1992, p. 69), et selon lui, la ville du XXe siècle sera constituée de bâtiments qui ressembleront seulement à des murs blancs (Delorme, 1992, p.69). Or, la simplicité de sa maison n’est pas que positive. En effet, cette simplicité ne plaisait aucunement à son acheteuse, Edith Farnsworth. Celle-ci était mécontente de la maison, qu’elle jugeait difficile à habiter à cause de sa simplicité (Zimmermann, 2015, p.63). La maison a tellement déçu l’acheteuse, qu’elle a poursuivi Van der Rohe en justice à cause du prix trop élevé (70 000 dollars) et à cause de l’absence de confort à cause de sa simplicité (Leoni, 2009, p. 60). Donc, pour conclure, même si la simplicité semble être en vogue, elle n’est pas encore populaire chez la population. 

Extérieur de la maison Farnsworth
source: Farnsworth House , « Farnsworth House photos », Farnsworth House, clearly original, https://farnsworthhouse.org/#iLightbox[gallery4678]/2, [page consultée le 24 Février 2020]

Le style architectural prédominant dans la maison Farnsworth est le style de « maison de verre » (Barbisan, 2012, p.4). On laisse tomber les murs de bétons, pour faire place à des murs en verre. Les fenêtres ne servent pas seulement à faire entrer la lumière, mais ils ont aussi une utilité architecturale (Barbisan, 2012, p.4). En effet, en regardant une photo de l’extérieure de ce joyau architectural, on voit l’importance du verre sur celle-ci. Les murs sont construits seulement avec l’aide de verre, aucune trace de béton dans la structure extérieure de la maison. Ceci fait en sorte que la maison est très illuminée par la lumière naturelle.  L’architecture de verre transforme le mode de vie de la personne qui y habite. En effet, la personne qui y vit se sent très proche de la nature par le biais des grandes vitres, mais se sent inconfortable, car elle est à la vue de tous.(Mays, 2006, p.3) Ce changement de mode de vie est exprimé comme suit par Van der Rohe : « les hommes et les œuvres d’art peuvent mener leur vie propre » (Leoni, 2009, p.26). Or, on pourrait penser que Van Der Rohe s’est attiré que des éloges par la communauté architecturale. Or, ce n’est pas le cas. En construisant une maison complètement en vitre, la personne qui y vit à un sentiment « d’isolation et d’horreur » (Beitlin, 2017, p.250). La personne qui y vit pourrait se sentir vulnérable, et constamment surveillée.(Beitlin, 2017, p.250). En effet, en regardant l’image ci-dessus, on peut remarquer cette facette de la maison. Toutes les pièces de la maison sont exposées au public, n’importe qui pourrait regarder ce qui se passe à l’intérieur du domicile. Pour la personne qui y vit, la seule façon de se protéger du regard extérieur semble être fermer un rideau. Or, on pourrait se demander pourquoi Van der Rohe aurait voulu construire une maison inhabitable (comme on l’a vu précédemment), qui cultive la peur. Selon l’historien de l’architecture Lelan M. Roth, les maisons de verre que Mies Van der Rohe construit ne sont pas conçues pour être des maisons habitables (Mays, 2006, p.2), mais bien plus une « réalisation d’un idéal architectural qui existe entre le monde réel et le monde des rêves » (Mays, 2006, p.2). Donc, en comprenant cette citation, on comprend toute la folie de Van der Rohe. Au final, il ne voulait pas créer de vraies maisons habitables. Il voulait pousser à un autre niveau les possibilités architecturales de l’époque. Son but n’était pas qu’une personne s’y héberge, mais montrer jusqu’où on pouvait pousser l’architecture résidentielle à l’époque. Tout le génie de Van der Rohe repose sur ce point. Il n’avait pas peur de repousser les limites de l’époque et pousser les barrières de l’architecture. Pour terminer, l’architecture de Van der Rohe est très bien résumée par Alfonso Dias Segura de l’université Cardinal Herrera de Valence en la décrivant comme suit : « Mies acknowledged that architecture is a technical phenomenon whose shape is inherently linked to construction and hence he gradually developed an architectural style that merged shape and structure»(Segura, 2018, p. 199)   1148 mots

Bibliographie

BARBISAN, L. (2017). Vivre la transparence : la maison de verre, essor et déclin d’une utopie. Sens public. https://doi.org/10.7202/1048845ar[consulté le 23 février 2020]

BEITLIN, Andreas F., Mies Van der Rohe montage collage, Londres, Koenig Books, 2017, 261 pages  

DELORME Jean-Claude. « Maisons de rêves ou machines à habiter« . dans: Architecture du rêve. Actes du 3ème colloque de la VillaKérylos à Beaulieu-sur-Mer les 29 & 30 octobre 1992. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1994. pp. 67-73.(Cahiers de la Villa Kérylos, 3) [accédé le 23 février 2020].

DIAZ Segura, Alfonso, Serra Soriano, Bartolomé et Meri de la Maza, Ricardo. « Space, Shape and Structure in the 50×50’ House by Mies van der Rohe » VLC arquitectura. Research Journal [en ligne], Volume 5 Numéro 2 (31 Octobre 2018)[accédé le 24 Février 2020]

BENTLEY Mays John. 2006. Glass houses: Masterful, beautiful, uninhabitable. The Globe and Mail, Sep 08, 2006. https://search-proquest-com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/docview/383499639?accountid=14719 [accede le 24 février 2020]

LEONI, Giovanni, Ludwig Mies Van der Rohe, Arles, Actes Sud, 2009, 119 pages  

ZIMMERMAN, Claire, Mies Van der Rohe, Cologne, Taschen, 2015, 95 pages 

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