
Richard Joseph Neutra, un architecte d’origine autrichienne entame ses études universitaires dans le programme d’architecture Technische Hochschule en 1911. Il y étudiera pendant quatre ans et rencontrera Adolf Loos au courant de celle-ci. Loos définira le parcours de Neutra comme celui qui : « l’engageât sur la voie d’une architecture produite par la machine » (Boudon, 2013). Le travail architectural de Richard Neutra fut poussé par les influences de celui-ci dans sa démarche à promouvoir la pureté des volumes proposée par des surfaces lisses et simples. Neutra se démarqua aussi par une conception nouvelle qu’il proposa d’introduire à ses projets résidentiels. Je parle ici d’un concept de construction architectural permettant de lier la résidence avec son résident. Ainsi, selon Neutra la façon dont est construite une résidence a des impacts sur le bien-être des personnes qui occupent le bâtiment, et ce, autant sur les sphères psychologiques et physiologiques de l’être humain » (Frampton, 2007, P.249).
La maison Kauffmann dans le désert, construite pour l’homme d’affaires Edgard Kauffmann, en Californie entre 1946 et 1947. Ce dernier fut d’ailleurs le propriétaire de la maison sur la cascade (Fallingwater) construite par Frank Lloyd Wright en 1936. Le client était intéressé à faire de cette maison une résidence de vacance pour s’évader de l’hiver (Hines, 1982, P.100). Cette maison est emblématique d’un mouvement moderne intitulé le style international. Ce courant architectural est caractérisé par la construction de bâtiments en rupture avec l’architecture traditionnelle du passé et pris de l’ampleur entre les années 1920 et 1980. De plus, les matériaux utilisés pour la construction de la résidence Kauffmann sont le verre, le béton et le métal, des matières caractéristiques de ce mouvement. Le conservateur de musée Arthur Drexler décrit la maison Kauffmann « comme étant un de ses plus grands accomplissements » (Hines, 1982, P. 13).

Le plan de la maison Kauffmann est un dessin au crayon de plomb qui permet de voir l’expansion structurelle de la résidence. Ce plan est identifié comme « pinwheel », traduit en français par : « la forme de l’hélice d’un moulin à vent ». Cette forme permet un meilleur contrôle de l’intimité du à sa disposition précise des pièces qui s’étend sur 3800 mètres carrés de superficie (Hines, 1982, P. 100). Le plan illustre quatre pavillons, chacun d’eux étant individuel. De plus, les pavillons sont sensiblement identiques et ils sont tous de forme rectangulaire. Selon le plan, chaque subdivision permet d’avoir une expérience différente selon la fonction à laquelle elle doit répondre lors de sa conception. L’entrée à la résidence se fait uniquement par l’abri du garage des voitures (car shelter). De cette entrée, les personnes sont ensuite invitées à soit se diriger vers le pavillon de la cuisine reliée aux chambres des employés ou vers le salon accessible par un grand passage de bois.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que le salon est le cœur de la résidence, noyau central de la maison. Cette pièce est le lieu carrefour qui relie tous les pavillons. De plus, elle est également une ouverture à l’extérieur qui mène à la « gloriette » (Hines, 1982, P. 100). Cet espace est un observatoire situé au-dessus du salon, donc accessible par un escalier. Celui-ci n’est pas visible sur le plan, alors nous pouvons déduire qu’il fût intégré après le croquis. De plus, cet abri extérieur est la seule pièce surélevée du bâtiment. Ensuite, l’accès à la cour arrière se fait par de grandes portes coulissantes en verre permettant l’ouverture aux espaces. Les passages béants se font par des patios adjacents à la fois au salon et dans la chambre des maîtres qui donne sur la piscine. En ce qui concerne l’espace réservé aux invitées, l’accès à ceux-ci s’effectue par une passerelle extérieure. Donc, cette espace est illustrée sur le plan comme une unité individuel à la maison.
Autre fait intéressant pour cette résidence est l’intégration de structure en verre afin de délimiter les espaces et lier les pavillons. L’utilisation de ce matériau translucide permet une meilleure intégration des éléments extérieurs et donne ainsi l’illusion d’absence de frontières permettant l’union avec l’environnement qui entoure la résidence. De surcroît, ces gigantesques cloisons de verres permettent de faire pénétrer un maximum de lumière dans les différentes pièces de la maison. La résidence offre aussi un aménagement paysagé où d’immenses pierres s’amoncellent en façade, seconde illustration de cet effort d’intégration d’éléments de l’environnement. Cet aménagement rocheux a également comme fonction de parer le vent, condition aride du désert où se situe cette résidence de la Côte-Ouest américaine. Sur le plan nous pouvons faire distinction des murs porteurs par un trait de crayon noir épais. Les espaces délimités de traits pointillés représentent les murs de verre et les murs de colonnes circulaires de métal qui se succèdent en laissant un espace entre elles. Ce dernier élément constitué d’une répétition de colonnes crée un écran tel un store, pour contrôler l’intensité de la lumière.
En conclusion, le plan de cette maison plain-pied est principalement horizontal et semble s’unifié avec son environnement . ainsi, le dessin de ce bâtiment est claire et précis , donc facile a comprendre de tous . De plus, il y a une libre disposition des pleins et des vides ce qui donne un caractère à la résidence.Cette répartition nous donne une impression d’un organe qui respire. Ainsi, selon ce que j’interprète Richard Neutra a pris le modèle du corps humain comme référent de construction, élément qui l’inspire dans son concept d’union entre la matière (la résidence) et l’humain (le résident).
Bibliographie :
BAEK, Jin, “The ecology of ‘we’ and ambient warmth: Richard Neutra’s ecological architecture” Source: arq. Architectural research quarterly [1359-1355] , 2015 , vol:19 iss:4 pg:349 -359 ,En ligne, URL : < https://doiorg.proxy.bibliotheques.uqam.ca/10.1017/S135913551600004X >.
DELEVOY, Robert L « STYLE INTERNATIONAL, architecture », Encyclopædia Universalis[enligne].URL:<http://www.universalisedu.com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/encyclopedie/style-international-architecture/ >.
HINES, T., “Neutra, Richard Joseph, & Museum of Modern Art”. (1982). The architecture of Richard Neutra from international style to California modern. New York: Museum of Modern Art. En ligne, URL : < www.moma.org/calendar/exhibitions/2705 >.
FRAMPTON, Kenneth, Modern architecture A critical history, “the international style: theme et variation 1925-65, fourth edition, 2007 ,Thames & Hudson world of art.
Philippe BOUDON, « NEUTRA RICHARD – (1892-1970) », Encyclopédie Universalis [en ligne],URL:<http://www.universalisedu.com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/encyclopedie/richard-neutra/>. Consulté le 26 février 2020