
William Notman (1826-1891), L’édifice A. Ramsay en 1868
L’édifice Ramsay, situé au 417 rue des Récollets, était l’architecture commerciale qui se manifestait “un simple système structural de poutres et de poteaux, et en façade, à une austère ossature de pierre, avec remplissage de verre”.[1] Il a appartenu à la compagnie A. Ramsay & Son, marchand de vitre, huiles et peintures. La structure et les traitements architecturels de l’édifice ont hérité l’architecture « fonctionnaliste » de Louis Henry Sullivan, et il est devenu le prototype des immeubles de bureaux modernes. Malheureusement, on ne sait pas qui étaient les architectes ou les constructeurs de l’immeuble.
La façade à squelette de pierre, en illustrant l’innovation technique de l’époque, montre parfaitement la composition et la proportion du bâtiment et permet aux passants de l’apprécier. Le toit de l’édifice se termine par une mansarde sous laquelle s’impose une corniche. Et de puissants piliers montent du trottoir à la corniche.
Cette photo a été prise par William Notman (1826- 1891). Sa taille est 20 * 25 cm. Le photographe emploie la technique de l’époque : le collodion humide (abrégé normalement le collodion) qui nécessite une chambre noire flexible pour les traitements de photo sur place. La technique de traitement humide est normalement employée sur les photos qui ne nécessite pas un long temps d’exposition, et la technique de traitement à sec est l’inverse[2].

Le photographe était loin du bâtiment et a pris la photo avec une focale normale (est-ce qu’il y a la technique de la distance focale?) à un niveau équivalent au deuxième étage. Une focale appelée aussi une distance focale dont la distance est entre le centre optique de l’objectif de l’appareil et l’image photographique.
La composition de cette image est très simpliste, l’édifice Ramsay se situe au milieu d’un immeuble de quatre étages avec murs de briques rouges et d’un ancien immeuble d’un style roman antique. L’image est remarquable du point de vue de la perspective. L’environnement visuel du photographe n’est pas dominé par des éléments naturels, mais par des édifices essentiellement cubiques qui sont disposés le long de la rue. Le regard du photographe est de la gauche vers la droite, les édifices sont alignés sur le côté de la rue. Les bâtiments deviennent progressivement plus petits à cause de la perspective. Les squelettes horizontaux et le coté de la rue en tant que les lignes fuyantes convergent un seul point de fuite qui se trouve à l’extrême droite (hors de l’image). Et les squelettes verticaux deviennent graduellement plus courtes. Bien que les édifices soient inclinés dans l’image, ils se tiennent toujours perpendiculairement sur le sol à nos yeux parce que les squelettes de pierre nous donnent “un sentiment d’équilibre”. Les squelettes diagonaux en jouant les lignes de fuites conduisent directement notre regard au loin. Les squelettes horizontales et verticales entrecroisées servent des lignes d’observation, aidant le photographe à maîtriser la composition de l’image. Et ils deviennent également un excellent outil de guider notre vue.
Un autre principe de base sur la perspective est : plus proche plus grand, et plus loin plus petit. Quatre édifices se trouve dans la photo sur laquelle, la largeur du premier bâtiment est égale à celles du deuxième et de troisième bâtiment. Dans le monde réel, la largeur du premier est inférieure à celle du deuxième qui est inférieure à celle du troisième. Alors comment montrer la perspective sans téléobjectif par le photographe?
Les extensions des bords des immeubles se croisées au point de fuite et forment un angle aigu. Plus le degré d’angles aigus est grand, plus la face avant du cube est vue en déformation à cause de la focale courte. En revanche, plus le degré d’angle est petit, plus la face avant est vue sans déformation. Les édifices sont situés à un côté de la rue très étroite, le point de vue est limité. Pour que les bâtiments photographiés soient plus réalistes et qu’ils ne soient pas déformés par les perspectives, le photographe recule et éloigne du sujet, et trouve un point de vue élevé.
« Les lignes verticales sont statiques mais donne un sentiment de force, de puissance et d’équilibre. Les lignes horizontales, également statiques, donnent plus souvent une impression de paix, de calme et de stabilité. Les lignes diagonales sont dynamiques, elles apportent du mouvement et du déséquilibre. Elles donnent une impression de vitalité, d’énergie et également de tension dans une image. »[3]
« Mais l’image finale n’est qu’une interprétation, faite de lignes, de formes, de tons et de couleurs de ce que nous voyons. C’est un objet graphique et, en tant que tel, il est constitué de matériaux simples : points, lignes et formes. »[4]
[1] Jean-Claude Marsan, Montréal en évolution : Quatre siècles d’architecture et d’aménagement, 4e édition, Presses de l’Université du Québec, Canada, 2016, page 280
[2] Stillman, W. J. The Amateur’s Photographic Guide Book, Being a Complete Résumé. Published by C. D. Smith & Co., 1874. Nineteenth Century Collections Online, link.gale.com/apps/doc/BAECAT999510072/NCCO?u=biblioquebes&sid=bookmark-NCCO&xid=25a70b7a&pg=29. Accessed 30 Nov. 2021. Chapitre 2, page 29 – 45
[3] Eric Forey, Photographier l’urbain, Édition Pearson France, 2012, page 32
[4] David duChemin, Au cœur de la photographie, Édition Eyrolles, 2020, Paris, page 81-85
Bibliographie
David duChemin, Au cœur de la photographie, Eyrolles, 2020
Doc Baumann, Retouche de perspectives, Eyrolles, 2006
Eric Forey, Photographier l’urbain, Édition Pearson France, 2012
Gildas Lepetit-Castel, Les secrets de la photo de rue, Eyrolles, 2015
Jean-Claude Marsan, Montréal en évolution: Quatre siècles d’architecture et d’aménagement, 4e édition, Presses de l’Université du Québec, Canada, 2016
Stillman, W. J. The Amateur’s Photographiec Guide Book: Being a Complete Résumé. C. D. Smith & Co., 1874