Le Musée Guggenheim à New York est un chef d’œuvre de l’architecture. Sa composition est cependant très intrigante et peut porter à confusion pour les gens ne connaissant pas l’histoire derrière ce bâtiment.
La photographie ici présente a été prise le jour de l’inauguration du Solomon R. Guggenheim Museum, soit le 21 octobre 1959. Malheureusement, ni Solomon R. Guggenheim, le propriétaire de la collection artistique du musée et principal donateur, ni Frank Lloyd Wright, architecte en chef du projet, n’ont pu voir l’œuvre complétée, puisque les deux hommes sont morts quelque temps avant la fin de la construction du musée. Cependant, ceci n’est pas nécessairement une mauvaise coïncidence, car plusieurs plaintes avaient été dites par rapport au Musée et sa capacité de recevoir et de présenter des œuvres, ainsi qu’à son apparence qui était très différente des gratte-ciel typiques de New York. Dans la photographie, nous voyons le contraste du musée et de l’environnement new-yorkais symbolique, soit beaucoup de gratte-ciel et de maison en rangée, de forme rectangulaire, faite de pierre et de brique et de plusieurs étages de haut. Un certain éloge de la nature est fait dans la photographie en incluant l’arbre sans feuille au premier plan. Ceci rappelle les inspirations de Frank Lloyd Wright, soit la nature et ses formes. La présence d’automobile ramène cependant le spectateur rapidement au lieu actuel du Musée, soit New York. Il y a beaucoup de mouvement dans la photographie, démontré par le flou présent dans quelques endroits, comme la voiture centrale et les gens qui marchent. La présence d’humain est aussi très importante à la photo, car non seulement elle permet de montrer par comparaison l’immensité du bâtiment, mais elle fait aussi éloge à la ville de New York.
Le Solomon R. Museum a été inauguré le 21 0ctobre 1959, six mois après la mort de Frank Lloyd Wright. Le Musée mesure environ 23 mètres de haut et 39 mètres de diamètre. La structure du musée est assez unique. Frank Lloyd Wright l’appelait un « Ziggurat».
Wright conceived on 30 December 1943 the idea of a vertical museum. He labelled his drawing of this spiralling design ‘Ziggurat’ (p. 40 and Fig. 4), writing in a letter to Rebay in January 1944 that ‘We can use it either top side down or down side top. ‘6 Because of existing building technology, ancient ziggurats had necessarily diminished in size as they rose, but with reinforced concrete and steel one could have an upside down ziggurat, which is what was built. Because it grew larger as it rose, Wright called it an ‘optimistic ziggurat’. [1]
Le Ziggurat est fait de béton peinturé blanc crème. Le toit du musée est en fait un puit de lumière, permettant un éclairage naturel pour les œuvres d’art.
[1] Watkin, D. (1991). FRANK LLOYD WRIGHT & THE GUGGENHEIM MUSEUM. AA Files, 21, 40–48. http://www.jstor.org/stable/29543729
La photographie réussit à faire sortir beaucoup de traits uniques au bâtiment muséal. Frank Lloyd Wright aimait beaucoup la nature et beaucoup de ses projets étaient étroitement liés à des choses naturelles. Il s’inspirait de la nature pour créer et tentait de la respecter. Toute sa pratique se base sur le mouvement arts and crafts et il tente de l’élever à plus que de l’ornement et de la décoration. Il vit cependant dans une période où l’industrialisation est de plus en plus forte et présente, et cela va créer un conflit intérieur pour l’architecte. Il admire l’ingéniosité et la beauté primitive de la nature, mais est aussi impressionné par les avancées technologiques et architecturales de plus en plus poussées. Le Solomon R. Guggenheim Museum démontre un peu le conflit qui a rongé pendant longtemps l’architecte.
Le bâtiment a une forme qui sort de l’ordinaire, surtout dans un décor urbain comme New York. Frank Lloyd Wright voulait créer une forme organique pour briser avec les gratte-ciel new-yorkais et les tours d’appartement, tous en forme de rectangle. Ainsi, il créer une structure qui ressemble à un ruban montant vers le ciel. Pour David Watkin, dans son article Frank Lloyd Wright And The Guggenheim Museum, publié au printemps 1991, ce serait une façon de montrer le pouvoir de son architecture s’inspirant de la nature et l’échec futur de ville métropole.
Wright was certainly aware of the great helical buildings which were among the seven wonders of the world: the Lighthouse of Pharos and the Tower of Babel. He knew also the spiralling sacred towers of pre-Columbian architecture in Central America. […] Much of Wright’s rhetoric about organic architecture rested on his hatred of cities, especially those on a grid plan like New York. He believed that the modern city centre had no future except as a lost way of life. New York was to him the most wicked of cities, a view of city life which went back to the moralizing Welsh Unitarianism of his childhood, with preachers condemning the corruption of Sodom and Gomorrah, Babylon and Corinth. Perhaps Wright thus planned the Guggenheim to be a tower of Babel appropriate to the decadence of New York as the new Babylon.[2]
Ce que la photographie montre, c’est le bâtiment planant sur les humains qui regardent cette forme, presque extraterrestre à la ville new-yorkaise, qui semble défier le statut architectural. Elle demande une certaine réforme pour le visiteur qui veut venir observer un Pollock ou un Kandinsky. Effectivement, non seulement Frank Lloyd Wright défie les conventions architecturales extérieures, il se débarrasse aussi des salles d’expositions, ce qui créer une nouvelle façon de lire les œuvres.
La photographie créer un contraste entre la vie normale et la forme anormale du musée. L’angle utilisée, bien que très traditionnel, démontre la grandeur du bâtiment et la structure qui plane sur les passants. La lumière, tant qu’à elle, permet de faire ressortir la blancheur de ta structure en béton. Les façades semblent donc encore plus contrastées avec leur manque de vitre. Il est intéressant de voir que le photographe a prise une photo de la bâtisse qui interagie avec son environnement. Puisque le musée est à New York, il est clair que l’architecte devait prévoir de la vie autour du bâtiment. Ainsi, le photographe réalise d’une certaine façon le travail et les créations de l’architecte.
[2] Watkin, D. (1991). FRANK LLOYD WRIGHT & THE GUGGENHEIM MUSEUM. AA Files, 21, 40–48. http://www.jstor.org/stable/29543729
Watkin, D. (1991). FRANK LLOYD WRIGHT & THE GUGGENHEIM MUSEUM. AA Files, 21, 40–48. http://www.jstor.org/stable/29543729
Guggenhein Museum. (2017). Guggenheim Architecture Timeline. The Guggenheim Museums and Foundation. https://www.guggenheim.org/history/architecture
History.com Editors. (2020). Guggenheim Museum opens in New York City. HISTORY. https://www.history.com/this-day-in-history/guggenheim-museum-opens-in-new-york-city
Amy Plitt. (2019). Frank Lloyd Wright’s Guggenheim Museum named a UNESCO World Heritage site. Curbed New York. https://ny.curbed.com/2019/7/8/20686110/frank-lloyd-wright-unesco-world-heritage-site-guggenheim-museum
Sarah Cascone, (2019). Frank Lloyd Wright’s Guggenheim and 28 Other Magnificent Sites Have Been Added to the UNESCO World Heritage List—See Them Here. Artnet. https://news.artnet.com/art-world/unesco-world-heritage-list-additions-2019-1594954
Guggenheim Museum (2020). Solomon R. Guggenheim. The Guggenheim Museums and Foundation. https://www.guggenheim.org/history/solomon-r-guggenheim
COLQUHOUN, Alan, « Organisme contre Classicisme », L’architecture moderne, Oxford University Press, 2002, p. 67-72.
GETLEIN, Frank, « A Romp on the Kamp », dans The New Republic, 1959. En ligne. < https://newrepublic.com/article/122818/brilliance-frank-lloyd-wrights-guggenheim-museum >. Consulté le 08 décembre 2021.
Lubow, Arthur. « The Triumph of Frank Lloyd Wright: the Guggenheim Museum, turning 50 this year, showcases the trailblazer’s lifelong mission to elevate American society through architecture. Smithsonian, vol. 40, no. 3, June 2009, pp. 52+ <Gale OneFile: CPI.Q, link.gale.com/apps/doc/A201481968/CPI?u=mont47771&sid=bookmark-CPI&xid=df8a987f. >. Consulté le 8 décembre 2021.
CHANCHANI, Samiran. (2010) Between icon and institution: the vacillating significance of Frank Lloyd Wright’s Guggenheim Museum, The Journal of Architecture, Volume (5), p. 159- 188. https://www-tandfonline-com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/doi/pdf/10.1080/136023600408692